L’échec du motif lucratif
« The Black Man's Burden »
Était-ce aussi une histoire à succès pour les Africains ? Le colonialisme a été imposé à la population autochtone, avec des conséquences extrêmement néfastes. Quand Léopold II décréta en 1889 la nationalisation de tous les terrains non cultivés, la population perdit ses terrains de chasse et de récolte, ses viviers, ses terres religieuses et communes. De larges parties du territoire furent données en concession à de grandes entreprises. Léopold II se constitua une fortune considérable pendant que la population ne reçut que des clopinettes. Des communautés villageoises entières furent forcées de déménager pour ouvrir la voie à l'exploitation. Dans une première phase, les Occidentaux prirent la relève du négoce de l'ivoire qui était aux mains de nombreux commerçants intermédiaires ; par la suite, les cultures du caoutchouc et de l'huile de palme furent développées. Les entreprises concessionnaires, telles l'Anglo-Belgian Indian Rubber Company (ABIR) et l'Anversoise, opérèrent en étroite collaboration avec l'État et l'armée coloniale pour amener la population, à la dure, à récolter le caoutchouc et les fruits du palmier à huile. La construction du chemin de fer entre Matadi et Kinshasa causa énormément de décès parmi les indigènes et les ouvriers asiatiques. À côté des travaux forcés, des maladies européennes ont également coûté un lourd tribut en vies humaines. Les chiffres exacts du nombre de victimes ne sont pas disponibles, mais en général, des estimations à six zéros sont avancées.